Je me lève un matin et rêve, je rêve d’évasion.
Direction les plages du Cotentin pour scruter l’horizon sans qu’il ne soit obstrué par les habitations.
La mer est agitée, ridée par le vent changeant, par les turbulences des baigneurs et des bateaux à moteur.
La mer est bleue comme une brique de lait qui rémunère au juste prix son producteur. Le ciel est bleu aussi, comme une mer qui aurait bu du lait.
L’horizon devrait se trouver entre ces deux azurs, mais je ne vois pas comment il peut y avoir assez de place. Il doit être parti se promener, pensais-je. Je pars alors à sa rencontre.
Je me déchausse pour marcher sur la plage.
Le sable fin glisse entre mes doigts de pied, je comprends le plaisir du sablier à toujours vouloir se retourner.
Pas à pas, je les sens céder à l’humidité et voilà que le sable se trouve embouteillé, je comprends la frustration de l’évier engorgé.
Je m’assois et contemple mes pieds couverts de sable et d’eau figé par l’air. Si l’horizon est cet élément intangible où ciel et terre se touchent, il ne se trouve pas plus loin qu’au bout de mes orteils !
Je me rechausse et emporte l’horizon avec moi.
Joachim Charbit