La Grande Descente, Allégorie d’un Déchet Plastique

Dans l’univers des sports outdoor, être en totale harmonie avec la nature est essentiel. Il faut avoir une parfaite connaissance du milieu dans lequel on évolue, eau, terre et air.

C’est le cas de Yann Scussel, jeune suisse passionné par le monde sous-marin et les sports aquatiques. Ses terrains de prédilection sont les rivières, les océans et les lacs. Tout simplement être dans l’eau. Après avoir vécu de multiples expériences et battu plusieurs records, Yann veut rendre à la nature ce qu’elle lui a donné. De cette volonté est né le projet de la descente du Rhône en hydrospeed. Vingt-neuf heures non-stop, depuis sa source jusqu’au lac Léman, accompagné de Claude-Alain Gailland, pour sensibiliser et alerter sur la pollution des eaux en Suisse, en montrant le trajet que suivent

les déchets jetés à l’eau. Je l’ai suivi pendant ces vingt-neuf heures, témoin de sa passion, de son amour pour l’eau et la nature. Durant cette longue descente, Yann a pris la place des déchets, se laissant porter par les eaux, à travers rivières et torrents. Une telle pratique exige une entente parfaite avec le terrain, pour éviter tout écueil à l’issue potentiellement mortelle. Il lui fallait connaître chaque cascade, chaque rapide, chaque mouvement de l’eau, afin d’en sortir indemne. Yann s’est complètement adapté à son milieu, pour s’y fondre et faire corps avec lui. L’eau l’a porté jusqu’au bout de sa course et par là même jusqu’à son objectif final. Son projet a séduit plusieurs télévisions suisses qui ont diffusé son reportage, sensibilisant ainsi à la pollution des eaux dont nous pouvons tous être responsables.

Louis Nauche : Qu’est-ce qui t’a motivé à réaliser cet exploit ?

Yann Scussel : Dans tous les projets que j’ai réalisé jusqu’à maintenant, j’ai malheureusement toujours constaté la pollution plastique que ce soit sur la mer ou la terre. Mais l’élément déclencheur de ce projet a certainement été un article de journal que j’ai lu, qui disait que 14 000 tonnes de déchets plastiques finissent chaque année dans la nature en Suisse. Dès lors, j’ai pensé à un moyen de sensibiliser la population à la pollution plastique et c’est comme ça que m’est venue l’idée de réaliser la descente du Rhône en hydrospeed.

À quel point est-ce important de connaître le milieu dans lequel tu évolues ?

Ça permet d’éviter les accidents et de performer au plus haut niveau. La subtilité avec le milieu aquatique est qu’il n’est pas constant ; il y a
une très grande différence entre préparer une plongée engagée en mer
et réaliser une descente d’un cours d’eau en montagne. Il faut prendre en compte tous les paramètres du milieu et quand on n’est pas assez préparé, ça ne pardonne pas. Par exemple, lors de ma descente du Rhône en 2020, je ne connaissais pas assez bien le parcours du fleuve et je me suis blessé sérieusement à l’épaule droite à mi-chemin sur un rocher. J’ai réussi à finir ma descente malgré la douleur en vingt-neuf heures et j’ai eu le bras droit paralysé pendant un mois, suivi de longues séances de physiothérapie.

Quelle est ta relation avec l’eau ?

J’ai un rapport à l’eau très particulier. En fait, j’ai grandi dans l’eau. J’ai commencé bébé nageur puis j’ai fait de la natation en compétition et depuis je n’ai jamais cessé d’évoluer dans cet élément. Mon grand-père également est pêcheur au Portugal, ce qui m’a fait aimer l’océan et développer une certaine curiosité pour le monde marin.

Est-ce que tu as d’autres projets autour de l’écologie et de la protection de l’élément dans lequel tu évolues ?

Malheureusement, avec la crise sanitaire actuelle, je ne peux pas réaliser la majorité de mes projets car il est devenu trop compliqué de voyager. Cependant, je continue de me préparer tant bien que mal à de futurs projets autour de l’écologie. Il y a un mois, j’ai réalisé des plongées de préparation sous glace dans un lac de montagne, en Suisse. J’essaie également de m’ouvrir à d’autres horizons, je travaille en ce moment sur un projet de documentaire à propos de la montagne, en collaboration avec la RTS (Radio télévision suisse).

Vidéo de Marc Zumbach et Dom Daher, La grande descente, allégorie d’un déchet plastique, 2020, 8 min.

Toutes les photos sont de Louis Nauche