Lundi, je déteste le monde. Comme un dimanche de gueule de bois, tout me paraît étranger ou bien étrange. Le sang cogne dans mes tempes comme un pilon dans son mortier. Régulier, implacable ce bout de bois.
Mardi, c’est la connerie et la médiocrité qui m’agressent, devant, derrière et tous les côtés de l’extérieur.
Mercredi, dans les rues de ma ville, je remarque ces couples qui se tiennent la main comme on se tient en laisse. Tellement heureux. Quand ils me croisent, je vois le dégoût et l’angoisse dans leurs yeux. Ils n’osent pas me fixer longtemps, juste ce qu’il faut de curiosité. Ça ne me dérange pas. Plus rien ne compte à cette heure, seulement la prochaine cigarette.
Jeudi, je suis le spleen de l’ivrogne qui cuve son mauvais vin. Avec ma loupe de fou furieux, je les observe. Je vois bien la laideur des hommes et celle de leurs stupides créations. C’est simple, depuis qu’ils sont tombés de leur branche, plus rien ne va. Ils veulent faire, ils veulent avoir, ils veulent être mais réussissent si peu. Pourtant ils s’emploient jour et nuit à valoriser leurs vices. Ils se donnent l’illusion d’échapper à la mort. Rien que ça. Moi, je vois la merde qu’ils remuent pour leurs petits projets. Je vois ce qu’ils cachent derrière, et derrière la merde transpire toujours la merde. La vie est ainsi faite.
Vendredi, je me sens vide et sans espoir. Seul face à ce quotidien rempli de petites misères en dents de scie. Je suis désespéré d’avoir cru aux destins qu’on m’a fait miroiter et dans lesquels je me voyais déjà.
Samedi, dans cet océan de contraintes, je suis bâté comme un architecte des Bâtiments de France, complètement malade de mélancolie. Pour sûr, le plus grand traumatisme c’est la grandeur passée.
Dimanche, j’ai enfin trouvé la parade. Rien n’est de ma faute, point final. Pour le reste du week-end, j’ai ma mauvaise foi en bandoulière. J’en suis persuadé, le gros con c’est pas moi, c’est les autres.
Il est conseillé de lire ce petit texte en mangeant une poire bien juteuse.
100 D