Spass est constitué à la fois de chercheurs-penseurs mais aussi de plasticiens de l’espace. Pour la plupart, habitants des villes, notre questionnement est de revoir l’espace public et d’y trouver une intimité. C’est de là qu’est né l’écart, une bulle gonflable qui de part son matériau principal (l’air) s’implante facilement dans l’environnement. Une enveloppe quasi transparente se gonfle et prend forme, comme une créature, elle respire, elle vie.
C’est une bâtisse légère qui rentre dans un sac à dos, un habitat nomade, un chez-soi à emporter. Seul à l’intérieur on vit l’introspection, on apprend l’ennui. À plusieurs on est d’abord gêné par tant de proximité puis on se parle et souvent les sujets enfouis remontent et l’échange s’installe. Coupés du monde et du temps, on pense librement.
Dans un monde idyllique, nous bâtirons selon nos besoins premiers, manger, boire, dormir, danser et échanger avec autrui. Dans une société basée sur l’échange et le dialogue, il sera essentiel de bâtir des espaces de rassemblement. Se rassembler pour parler, écouter et voir ensemble afin qu’une symbiose puisse naître. Il sera aussi essentiel de pouvoir se rassembler avec soi-même, s’isoler de tout pour mieux se recentrer, se concentrer. Le contact humain est essentiel mais pour qu’il soit vrai, il demande du temps et de la sincérité.
C’est dans ce besoin que l’écart s’emploie, tel un filtre apposé sur la réalité pour s’en échapper quelques instants. La pause nécessaire au ressourcement de nos sens pour poser un œil réfléchi sur le monde.
Karl Laly