Les armes dites « non létales »

Les armes de la police sont soumises à des conditions d’utilisation bien définies, toutes basées sur la question défensive et jamais offensive. Deux textes régissent l’utilisation de ces armes ; d’une part la note de la commission internationale de la déontologie datant de 2002 (ONU), qui cherche à uniformiser l’utilisation des armes non létales, et de l’autre une note du ministère de l’Intérieur datant de 2004. Ces armes sont censées permettre aux policiers de s’extraire de situations délicates où leur sécurité est en jeu. 

Cependant, nous avons pu observer depuis plusieurs années que celles-ci ne sont pas utilisées à bon escient. A l’instar du maintien de l’ordre à la française, l’utilisation des armes sub-létales a changé. En effet, depuis le mouvement des gilets jaunes, les directives ne sont plus défensives ou dissuasives mais offensives avec la création de nouvelles brigades telles que les BRAV-M (brigade de répression à l’action violente). L’utilisation de ces armes est en hausse ainsi que les violences. Beaucoup de français ont été choqués par l’utilisation disproportionnée de cette violence. Les médias se sont emparés de ce sujet et la question des violences policières est revenue dans le débat public. La France a d’ailleurs été rappelée à l’ordre par l’ONU au sujet de la répression policière. 

Alors où est le souci ? Les armes, leur utilisation ou l’institution ?

« À l’instar du maintien de l’ordre à la française, l’utilisation des armes sub-létales a changé. »

DESCRIPTION DE L’ARME

AÉROSOL LACRYMOGÈNE :

Jet bref d’environ une seconde, à plus d’un mètre, lors de situation de menace. Et les forces de l’ordre sont tenues d’apporter les soins après usage.

UTILISATION PAR LA POLICE

La police ne respecte que très rarement toutes ces conditions, soit elle le fait trop près du visage, soit plus d’une seconde et très souvent même quand la situation ne représente pas de menace. Inutile de préciser qu’elle n’apporte jamais les soins après usage.

 

GRENADE DE DÉSENCERCLEMENT (GLI F4) :

Elle a pour but de permettre au policier de s’extraire d’une situation où il se sent encerclé.

Elle doit être lancée au ras du sol, à la main. 

La police utilise plus souvent cette arme pour disperser les manifestants dans une situation qui ne représente aucune menace pour elle (durant mon adolescence, j’avais du mal à comprendre le sens du nom de cette arme, étant donné qu’elle ne désencerclait absolument rien, la police jetait une grenade au milieu d’une foule qui ne présentait aucun danger pour elle). Mais le grand problème de cette arme n’est pas forcément l’utilisation qui en est faite, mais plutôt son contenu (30g de TNT, à comparer avec les 57g des grenades utilisées lors de la seconde guerre mondiale). Qu’elle soit bien ou mal utilisée cette arme reste très dangereuse. La France est le dernier pays européen à l’utiliser. On recense 4 cas de mains arrachées en 2018.

TONFA :

Arme de défense et de dissuasion, l’utilisation du tonfa en tant que matraque est interdite, le tonfa a pour but de parer des coups ou de neutraliser un individu.

L’utilisation de tonfa en tant que matraque est plus que fréquente, elle est peut être même la seule forme d’utilisation du tonfa.

LANCEUR DE BALLE DE DÉFENSE (LBD) :

Doit être utilisé en cas de situation critique, la balle doit être tirée dans des zones précises.

Le tir doit être effectué entre 25 et 50 mètres. Interdiction de viser la tête.

Le LBD est l’une des armes les plus controversées de l’armurerie française,  car il suffit de très peu, d’une petite entorse à la règle, pour qu’elle blesse gravement, voire qu’elle devienne létale. A l’émergence de son utilisation, l’une des justifications avancées par l’IGPN (dite « police des polices ») pour expliquer une blessure grave, était le manque de précision du LBD. Cependant, aujourd’hui les capacités du dernier modèle LBD sont claires, il est hautement précis. Un visage touché ne peut donc pas être une erreur. On recense dix-huit personnes éborgnées en 2018.

LE GENOU :

Le genou est une articulation qui sert à déplier et replier la jambe afin de permettre la marche, comme chacun le sait.

Mais on recense deux décès en 2020, dû aux genoux de policiers français.

On a donc pu voir que malgré des conditions d’utilisation précises et rigoureuses, les utilisateurs ont à de nombreuses reprises fait entorse à ces règles. Mais une autre problématique s’impose, une question éthique se cache derrière ces armes. La question de la légitimité de la violence. Les personnes qui sont mécontentes de la situation politique et qui manifestent pour leurs droits sont-ils si dangereux, pour qu’on utilise contre eux des armes de guerre ?

Mathieu Laly