Présentez-moi un miroir,
je n’y séjournerai pas.
Pour en sortir je dirai ce que j’ai vu.
Du moins, je vous dirai ce dont je me souviens.
Peut-être que j’aurai peur de ne pas bien tenir le rôle et que
vous partiez, alors j’userai d’artifices.
Et grimé de couleurs chatoyantes, je jouerai
devant vous, sans repos, facétieux, pour garder
le parterre en haleine; dans une main la ruse,
dans l’autre la farce, aux yeux les larmes vraies,
aux lèvres un sourire moqueur, évitant
de servir le spectacle de l’orgueil qui
se contemple : si l’on se chante soi-même
au moins soyons légers!
Et si en partant vous reconnaissez vous
être amusé mais n’avoir pas vu la peau sous
le fard, souvenez-vous l’adage du poète :
« C’est lorsqu’il parle en son nom que l’homme
est le moins lui-même. Donnez-lui un masque
et il vous dira la vérité ».