L’adversité, c’est comme un obstacle jeté au hasard sur notre chemin. C’est une menace, parfois de vie ou de mort, mais sans intention et donc on ne saurait lui en vouloir. A mauvaise fortune, bon cœur. Et puis, lui trouver la parade procure une bonne dose de piquant dans nos existences. Vous imaginez une vie sans confrontation, ni doute ? Le paradis, vraiment ? Reste qu’il y a des adversaires tenaces, et d’autres fugaces dont la menace est à peine perceptible jusqu’à une mort subite… Si l’adversaire et notre niveau de conscience nous le permettent, nous réagissons nécessairement avec émoi et parfois effroi. C’est de ce dernier sentiment, de la peur, dont j’aimerais vous parler. Plus spécifiquement, d’une peur double, à la fois conséquence et cause de l’adversité.
La peur n’évite pas le danger. Elle le multiplie. Il faut la dépasser pour, par exemple, ne pas rester figé face au coup qui nous vient en pleine figure. La peur qui naît de l’adversité nous appartient, et il nous appartient de la surmonter. Mais qu’en est-il lorsque la peur s’abat sur nous par vagues, au gré des rumeurs, sans qu’on en discerne les fondements ? On sait bien qu’elle aime se nourrir de chimères et qu’elle (aussi) est contagieuse… Dans ce cas, il me semble que c’est une autre forme de peur. Cette peur est l’obstacle qui se présente à nous. Elle résonne avec notre propension à la peur et les deux se multiplient. Une telle peur au carré est débordante. Elle nous use (comme depuis un an) et si les digues cèdent, des paniques déferlantes nous prennent et nous entraînent vers une agressivité incontrôlée ; on devient soi-même vecteur de la peur ambiante.
Comment parer la peur au carré ? Comment distinguer notre chemin entre deux vagues de peur ? Y a-t-il bien un rocher qui gît sur notre route et nous menace dans la chair, l’esprit ou l’âme ? Aux premières questions, il faut sûrement répondre par le courage et la détermination, mais cela me dépasse. En revanche, les épreuves des temps qui courent commencent à affûter notre clairvoyance. Je pense à deux manières d’être au monde qui nous aident à identifier les véritables menaces : réduire son ego et chérir son libre-arbitre. Un profil bas ou fin offre moins de résistance. Un esprit libre garde la raison contre peurs et marées.
Sous le tumulte actuel se cache pour beaucoup d’entre nous un obstacle qui n’est pas plus à craindre qu’un petit caillou poli dans la chaussure. Réjouissez-vous si, comme pour moi, c’est le cas, car la parade est toute trouvée : continuez de courir et de pédaler à toute allure, visage au vent et respirant la liberté à pleines bouffées !
Viel Spass !
Charles-Elie Laly