Sourcellerie ou l’art de trouver de l’eau

En entendant « Penser avec les mains », j’ai instinctivement songé aux sourciers et à leurs fameuses baguettes en « Y. » Cela faisait sens. Nous avons tous cette image d’Épinal, d’un homme parcourant une prairie herbeuse à la recherche d’eau. Je me disais, évidemment, il tient sa baguette dans ses mains, il cherche quelque chose, donc forcément : il pense avec les mains. 

Ç’aurait été bien trop simple ! J’ai commencé à faire des recherches et plus celles-ci avançaient, plus cela s’éloignait du thème principal. En effet, clarifions cela tout de suite, les sourciers ne pensent pas avec les mains, ce serait même plutôt le contraire ! Ou bien il faudrait se remettre en tête la définition de « penser » : « Trouver en réfléchissant, imaginer, combiner. » (Littré). Car ici, le corps sert avant tout de récepteur à différents phénomènes physiques, dont celui du magnétisme terrestre. 

Un second point à clarifier que j’ai pu entr’apercevoir au cours de mes recherches, c’est que vis-à-vis du phénomène des sourciers, il y a les rationalistes, ceux qui veulent des preuves et des explications pour croire et de l’autre côté, il y a ceux pour lesquels la découverte d’eau suffit à leur bonheur. Et il convient aussi de dire que cette seconde catégorie englobe la majorité des sourciers. 

Faisons une synthèse de ce qu’il faut comme équipement : une baguette de coudrier (celle en « Y ») — le plus souvent en noisetier pour sa souplesse — une paire de baguettes coudées en métal, quelques piquets et un pendule. C’est le matériel de base, même si certains sourciers peuvent parfois disposer de matériel supplémentaire. Concernant la préparation physique et mentale, il est dit qu’il faut avoir l’esprit apaisé et calme, tourné vers la recherche d’eau avec l’aide d’un souvenir puissant lié à cet élément. 

Voici la position de base : le sourcier tient sa baguette des deux mains, les paumes vers le ciel, et les avant-bras à 90° du reste du corps. Il doit sentir une position où la baguette a légèrement envie de filer vers le bas. Ensuite, il se promène. À certains moments, la baguette aura tendance à se lever d’elle-même. C’est, pour le sourcier, le signe de la présence d’eau. Il plante alors un premier piquet. Il se décale de quelques mètres et reprend sa position et son cheminement. Deuxième signal, il plante un second piquet. Les deux piquets forment alors une droite. Il reprend son cheminement par rapport à cette droite, de nouveau quelques mètres plus loin, troisième signal et troisième piquet. Maintenant, il traverse sa droite et marche dans le sens inverse. Sa baguette s’agite de nouveau et il répète les trois opérations. Les deux droites parallèles forment une sorte d’étroit couloir : c’est la voie de l’eau. En marchant dans un sens sur ce couloir, sa baguette se lève : le courant vient vers lui, dans l’autre sens, elle se baisse : le courant est dans le sens contraire. 

Par ces différentes opérations : il vient de déterminer la présence d’eau, ainsi que le sens dans lequel celle-ci s’écoule. Maintenant, toujours en gardant en tête la volonté de trouver de l’eau, le sourcier va faire tourner son pendule afin de découvrir la profondeur à laquelle coule cette voie d’eau. Il compte, un mètre, deux mètres, trois mètres… et soudain s’arrête, l’eau est à sept mètres. 

Autant je conçois que l’eau, par son écoulement à travers le sol, produise un effet magnétique détectable par la baguette, je n’ai toutefois pas pu trouver d’explications rationnelles concernant l’usage du pendule. Celui-ci fait peut-être effet de « sonar », mais je n’en suis pas vraiment sûr. 

Ce qui demeure certain, c’est que des sourciers trouvent bien de l’eau, et que certains d’entre eux se font même payer au résultat (lorsqu’ils demandent de l’argent, ce qui reste assez rare… ), c’est-à-dire qu’ils font creuser le puits à leurs frais et se font rembourser s’il y a bien de l’eau. Il n’en reste pas moins que le phénomène des sourciers divise la communauté des scientifiques, parmi lesquels : physiciens, hydrophysiciens, spécialistes des phénomènes magnétiques et bien d’autres !

Pour aller plus loin , je vous recommande : 
« Un Physicien aux prises avec les Sourciers » d’Yves Rocard.1
« Méthode expérimentale et sourciers » de Frédéric Élie.2 

Si vous désirez devenir sourcier : 
« L’École des Sourciers » le programme de l’École Suisse de Géobiologie et Sourcellerie.3 

Pour un ouvrage des plus poussés, consultez : 
« Baguettes et pendules, l’Art du Sourcier et ses Applications » du Docteur Jules Rengault.4
Tous sont disponibles en intégralité sur le Net.

Antoine Mondou